Je l’évoque d’un mot, car le véritable enjeu de ce procès est encore loin d’être parvenu à la conscience politique du peuple allemand. Staat und Wirtschaft im jungkonservativen Denken 1918-1933, Duncker & Humblot, Berlin, 2018, p. 253. Jusqu’à présent, on avait entendu Carl Schmitt dire que l’État actuel était un État faible parce que « pluraliste34 », un État où les groupes d’intérêt économiques, notamment, luttent eux aussi pour le pouvoir. Dans le libéralisme autoritaire, ces deux termes ne sont pas simplement juxtaposés : l'autoritarisme permet de maintenir le libéralisme économique dans le temps et les différentes configurations sociales. Me déroberai-je ? Ajouter au panier Liste de souhaits Comparer Derniers articles en stock Écrire une critique Partager. Nous assistons là, analyse-t-il, à l'invention d'une nouvelle catégorie, un « libéralisme autoritaire ». Son titre renvoie à la devise choisie par les organisateurs : « Une économie saine dans un État fort ! 26. La vérité, c’est qu’un Parlement parfaitement capable d’agir, qui aurait pu rester en place jusqu’en 1932, avec de nettes majorités démocratiques, a été délibérément éliminé pour imposer le régime présidentiel », Detlev PEUKERT, La République de Weimar, Aubier, Paris, 1994, p. 261, cité par Olivier BEAUD, Les Derniers Jours de Weimar, op. 12. La notion de religion civile a été définie par Rousseau au chapitre 8 du livre IV du Contrat social (1762) comme une « profession de foi purement civile » dont le souverain fixe les articles. Henry Ashby TURNER, German Big Business and the Rise of Hitler, op. Ce motif classique de l’antijudaïsme chrétien – les Juifs, ce peuple déicide – se radicalisa dans sa tête, lectures de Léon Bloy56 aidant, en un racisme virulent, culminant en des rêves de vengeance, soldats en armes qui devaient en finir avec cette engeance57. cit., p. 173). 48. C’est lui qui introduisit le discours de Schmitt ce jour-là. Et non l’inverse. Pierre Dardot et Christian Laval soulignaient déjà, en 2009, la nécessité de définir dans toute sa spécificité ce que l'on appelle le néolibéralisme. Ebook téléchargements gratuits uk La . Car la politique étrangère du gouvernement Papen, comme il le note à juste titre, n’a plus à faire face à des nécessités aussi brûlantes que celles auxquelles devaient faire face ses prédécesseurs. La doctrine du laissez-faire postule une spontanéité à laquelle il suffirait de laisser libre cours pour retrouver l’équilibre. Le roi Frédéric-Guillaume III encourage une guerre populaire de libération nationale. cit., p. 321. Entre l’État et le marché proprement dit s’intercalera un troisième terme, un domaine intermédiaire régi par une « autoadministration » privée confiée à de grands corps patronaux41. cit., p. 251. Il comprenait vingt-cinq représentants de l’industrie, du commerce, des chambres d’agriculture et des syndicats. La librairie Gallimard vous renseigne sur Du libéralisme autoritaire de l'auteur SCHMITT CARL (9782355221484). 174. 216. Fort, commente Wolfgang Streeck, « contre les revendications démocratiques de redistribution » sociale, mais « faible dans sa relation au marché67 ». 102. Putsch mené le 20 juillet 1932 par l’exécutif du Reich contre le gouvernement du Land de Prusse. Autoritaire ne veut pas seulement dire répressif. Michel FOUCAULT, Naissance de la biopolitique, op. 175. Mais d’où vient-elle ? 7. Voir Jean-Pierre FAYE, Langages totalitaires, op. Gopal BALAKRISHNAN, L’Ennemi, op. « Eingabe von Industriellen, Bankiers und Grossagrariern an Reichspräsident von Hindenburg vom 19. Et c’est dans cette vision providentialo-cyclique de l’histoire que réside la limite fondamentale de ce mode de pensée. On la date habituellement d’un article publié en 1997 par le journaliste américain Fareed Zakaria, « The rise of the illiberal democracy232 ». Il doit céder à chacun, tous les satisfaire, et cajoler simultanément les intérêts les plus contradictoires. Cette autorité autocratique, quelle va, ensuite, être son extension ? cit., p. 6. 46. cit., p. 154 (« Die Wendung zum totalen Staat », art. 24. Sur cette notion de suggestion de masse, Schmitt se réfère ailleurs à l’ouvrage de Walter LIPPMANN, Public Opinion, Harcourt, Brace and Company, New York, 1922. Dès lors, la politique ne se conçoit plus que comme un variateur de vitesse : on ne peut pas changer le cours des choses, tout juste faire avance rapide. Ils s’affrontèrent âprement. 87. Or là, devant un parterre d’industriels, il sortait enfin du bois : ce serait l’État fort, autoritaire, « qualitativement total ». La notion de néolibéralisme et, avec elle, de libéralisme autoritaire, est au cœur d'enjeux critiques et politiques. Voir Henry Ashby TURNER, German Big Business and the Rise of Hitler, Oxford University Press, Oxford, 1985, p. 276 ; David ABRAHAM, The Collapse of the Weimar Republic. 121. Néanmoins, même si l'expression de « libéralisme autoritaire » a été forgée dès les années 1920 pour désigner une tendance repérable, il me semble préférable de parler de « néolibéralisme autoritaire », justement parce que cette forme de gouvernement représente un amoindrissement des libertés politiques qui devraient être au centre d'un libéralisme authentique. Ce manuel d’histoire de la pensée politique présente, depuis leur genèse jusqu’à nos jours, les grands systèmes de pensée : autoritarisme, libéralisme, socialisme. Cette politique eut des conséquences funestes, sur le plan économique d’abord, étant donné que « cette manière de procéder eut tendance à étendre la crise206 ». Car, dès que l’on en vient à parler d’économie, l’État « autoritaire » renonce entièrement à son autorité, et ses porte-paroles soi-disant « conservateurs » ne connaissent plus d’autres mots d’ordre que celui-ci : liberté de l’économie par rapport à l’État ! Il faisait plutôt la promotion d’une autre option, politiquement rivale, dont le contenu peut se résumer comme suit : un pouvoir présidentiel verticalisé, mettant son appareil propagandiste et répressif au service d’un programme économique libéral. 119. cit., p. 139. De larges fractions du peuple allemand qualifient aujourd’hui cette façon de voir d’« idéaliste ». 2. Voir aussi Hermann HELLER, « Rechtsstaat oder Diktatur ? Voir Paul NOACK, Carl Schmitt. Je me permets cependant, au vu de la situation difficilement prévisible qui est celle de l’Allemagne aujourd’hui, de concentrer mon attention sur le présent immédiat, sur la période qui s’annonce, pour autant que l’on puisse l’embrasser du regard. Or Schmitt joua un rôle important, à plusieurs titres, dans ce tournant vers l’État libéral-autoritaire. 59. Le label « Zones » est dirigépar Grégoire Chamayou. Après des décennies de contre-réformes socialement dévastatrices, le néolibéralisme tardif se trouve à son tour affecté d’une « crise de gouvernabilité » de grande ampleur. Se déclarant partisan d’un « gouvernement au-dessus des partis », Brüning avait averti que si son plan d’austérité était refusé par les députés, il serait prêt à aller jusqu’à la dissolution du Parlement. D’où les différences de formulations ici. © Duncker & Humblot GmbH, 1995, pour le texte original de Carl Schmitt.All rights reserved. Quand Foucault traite des ordolibéraux, il s’intéresse principalement à leur trajectoire dans l’après-guerre. 3. Ce recueil rassemble ces deux textes majeurs de la pensée politique, encore inédits en français, assortis d'une présentation qui éclaire les rapports méconnus entre Schmitt et les pères fondateurs du néolibéralisme. Ainsi donc que l’a fait remarquer Wolfgang Streeck : « Foucault aurait pu remonter plus loin, à Schmitt et à Heller, où il aurait trouvé le motif fondamental de la pensée qui a informé et informe encore les conceptions libérales du rôle économique de l’autorité de l’État en régime capitaliste – l’idée, pour reprendre le titre d’un livre publié dans les années 1980 sur Margaret Thatcher, qu’il faut un “État fort” pour une “économie libre”229. Il y a un danger perpétuel de sécession massive ou d’exode de la part de l’un des groupes. 217. 221. Pour Schmitt, la notion d’État total est donc d’abord un concept repoussoir. Ils étaient amis. Le drame, regrettait de même Walter Eucken, l’ami de Rüstow, c’est que « la démocratisation accorde aux partis et aux masses ainsi qu’aux groupes d’intérêt qu’ils organisent une influence démesurée sur la conduite de l’État, et donc sur la politique économique103 ». Je vous rappelle les expériences que nous avons vécues avec le « Conseil économique consultatif » d’octobre 193146. Par la bouche de son apologiste Schotte, le gouvernement autoritaire de monsieur von Papen nous a appris que l’assurance maladie nuit à la santé publique et que le chômage n’est pas une fatalité pour le travailleur – « comme le prouve la profusion de travail au noir ». Ceci, donc, comme si rien ne s’était passé entre-temps. Effets politiques ensuite. Cela nous a été mille fois répété par de fameux auteurs et économistes de tous pays dans une kyrielle d’essais et de brochures publiés entre 1919 et 192420. La dépolitisation schmittienne se démarque de l’ancienne dépolitisation libérale, en ce qu’elle affirme que « rien de ce qui concerne de façon essentielle l’État ne peut sérieusement être dépolitisé ». Cette tablée inattendue résume, je crois, assez bien les choses : d’un côté, le père fondateur du néolibéralisme, de l’autre, le chantre exalté de la révolution conservatrice, avec, au milieu, le théoricien de l’état d’exception. Pourquoi ce virage autoritaire ? Le vieux Monsieur [Hindenburg] est devenu fou », Carl SCHMITT, Tagebücher 1930 bis 1934, op. Libéral-autoritaire, c'est à dire : • libéral sur le plan économique, sauf à protéger quelques clientèles ; • autoritaire sur le plan des libertés individuelles, sauf à protéger certains intérêts particuliers. Mais l’Allemagne n’est même pas un État démocratique. En Allemagne, au même moment, d’autres auteurs, de jeunes économistes libéraux formulaient des remontrances tout à fait similaires à l’encontre des postulats traditionnels de leur propre courant. Un tel processus ne peut jamais aboutir qu’à une cohabitation décousue, voire hostile, entre cinq systèmes et organisations politiques cherchant à se vaincre ou à se berner les uns les autres. Le modèle que promeut Schmitt en 1932 n’est pas celui d’un parti-État. cit., p. 119. Pour échapper à ce déterminisme, le passage à un interventionnisme libéral ne requiert rien moins qu’une autre forme d’État. Le capitalisme grand-bourgeois montre une puissance d’assimilation supérieure ; le conservatisme se débarrasse de tous ses scrupules anticapitalistes et perd ses dernières gouttes d’onction sociale ; l’ancien directeur de Krupp et magnat de la presse Hugenberg27 devient président de l’ex-parti conservateur. Voir Friedrich VORWERK, « Carl Schmitt über den totalen Staat », art. Le texte de Carl Schmitt, « Starker Staat und gesunde Wirtschaft » (1932), est issu de Staat, Grossraum, Nomos. Un État qui n’a même plus le droit d’éduquer militairement sa jeunesse et de la former pour en faire de bons soldats est une contradiction en soi, et à vrai dire précisément en tant qu’État démocratique. Selon lui, cette doctrine est périmée. Cinq listes de partis se présentent, dictées par cinq organisations, les masses vont, passez-moi l’expression, se parquer dans des enclos préétablis, et on appelle « élection » le relevé statistique de ce processus. Tant que le point de vue du processus électoral démocratique reste décisif pour la légalité et la légitimité, une chambre élue va inéluctablement soit éliminer la seconde chambre, soit en faire l’ombre ou la pâle image d’elle-même. L’année 1932 a gratifié l’Allemagne du slogan d’État « autoritaire » ; le cabinet Papen a même élevé ce slogan au rang de programme politique1. Sauf qu’il faut aussi entendre les objections que l’on nous fait. Carl SCHMITT, « Der Missbrauch der Legalität », Tägliche Rundschau, vol. Voir Carl SCHMITT, Der Hüter der Verfassung, op. Eine Biographie, op. Des partis politiques, il en existait de longue date, mais ils se sont métamorphosés. Tout État s’efforce de s’emparer des moyens de pouvoir dont il a besoin pour sa domination politique. L’objectif est de sauver les meubles et de hâter la reprise, étant donné, comme le promettait Röpke, que cette « impulsion initiale, pourvu qu’elle soit assez forte, permettrait au système capitaliste de retrouver sa force et sa puissance d’antan130 ». Mais la raison qu’il donna pour cet abattement passager est instructive : « J’étais hors course […] en tant que conseiller de l’ombre152. Die staatspolitischen Voraussetzungen des wirtschaftspolitischen Liberalismus », art. Alexander RÜSTOW, « [Freie Wirtschaft – Starker Staat.] Heller critique aussi ailleurs ces thèses de Schmitt sur le caractère « démocratique » du fascisme. Voir aussi Carl SCHMITT, La Notion de politique, op. Sur la notion d’auto-administration économique [wirtschaftliche Selbstverwaltung], voir supra, p. 20, note 42. Si, d’un côté, il rétablissait formellement le gouvernement de Prusse, avec le social-démocrate Otto Braun à sa tête, de l’autre, il entérinait la prise de contrôle effective du Reich et de ses commissaires sur les affaires prussiennes. Certains commentateurs ont cependant cru pouvoir interpréter ce discours comme une profession de foi pro-hitlérienne, comme un appel à peine voilé à la nomination du Führer à la chancellerie140. Nous assistons là, analyse-t-il, à l'invention d'une nouvelle catégorie, un « libéralisme autoritaire ». cit., p. 431. Une dépolitisation, un retrait de l’État hors des sphères non étatiques, est, je le répète, un processus politique ; le détachement de la politique est, dans l’état actuel des choses, un acte spécifiquement politique. À partir de là, le problème de la légalisation constitutionnelle de nouvelles institutions n’offrira plus de difficultés insurmontables. Son allocution, il est vrai, manifestait l’exigence « que l’État renonce à tous les repaires qu’il occupe encore dans la vie économique, et qu’il ne participe plus à l’économie que sous la forme d’un domaine régalien de l’État, bien délimité et clairement signalé à l’extérieur33 ». Les appels à l’interventionnisme libéral ont beau, par temps de crise, contredire brusquement les discours que tiennent traditionnellement ses partisans en période de calme relatif, ils n’impliquent pas un changement fondamental de paradigme. Jadis, pour tout démocrate, la chose allait de soi. 101. Marc de Launay et Henri Plard, Gallimard, Paris, 1990, p. 95-141, p. 108. Hermann HELLER, « Genie und Funktionär der Politik », Gesammelte Schriften, tome II, Recht, Staat, Macht, op. La contrainte qui pousse à la politisation totale paraît inéluctable. 58, no 1, 1927, p. 1-33. cit., p. 55. Voir Fritz SPRINGORUM, « Eröffnungsansprache », in Mitteilungen des Vereins zur Wahrung der gemeinsamen wirtschaftlichen Interessen in Rheinland und Westfalen, cahier 21, no 1, 1932, p. 5-12, p. 6. Sur la critique schmittienne du parlementarisme et son contexte, voir Michael STOLLEIS, Geschichte des öffentlichen Rechts in Deutschland. cit., p. 56 sq. Dans cette perspective, le néolibéralisme, premièrement, ce serait un courant animé d’une « phobie d’État », d’une volonté de limiter le pouvoir d’État – bref, d’un antiétatisme plus ou moins poussé. Olivier JOUANJAN, « Et si l’on ne faisait rien de Carl Schmitt ? Pour une autre lecture du néolibéralisme État fort et économie saine, par Carl Schmitt Libéralisme autoritaire ? À l’opposé de l’idéal d’un État « gardien de nuit » cher au libéralisme classique, l’État-providence est pris d’un élan qui le pousse à étendre sans cesse ses champs de compétence à de nouveaux objets. Nul État européen ne parviendra non plus à être un État fort sans se rendre également fort au plan économique contre les banques, l’industrie et l’agriculture, et sans soulever l’enthousiasme des quatre-vingt-dix pourcents en question pour l’État en mettant en place une organisation de l’économie qui réponde en priorité à leurs besoins. « La destruction du système de gouvernement parlementaire, rappelle l’historien Christian Witt, ne date ni de Hitler, de Schleicher ou de Papen, mais de Brüning, qui a amorcé le processus en imposant des mesures financières et économiques au moyen de l’article 48176. 46. 37. cit., p. 74. Pour ces auteurs, traduisait Heller, « le capitalisme a mené le principe démocratique à cette conséquence de menacer son propre créateur, la bourgeoisie, en sa domination même », Hermann HELLER, « Rechtsstaat oder Diktatur ? ». L’élection n’est plus une élection, le député n’est plus un député, du moins pas tel que la Constitution l’a prévu : il n’est plus l’homme libre, l’homme indépendant, qui représente le bien du tout face aux intérêts des partis, mais l’homme de parti qui marche au pas et en rang, qui sait comment il doit voter, et aux yeux duquel la délibération et le vote à la séance plénière du Parlement sont voués à se muer en une farce sans contenu. 5. Voir Heinz RIETER et Matthias SCHMOLZ, « The ideas of German ordoliberalism 1938-45 : pointing the way to a new economic order », The European Journal of the History of Economic Thought, vol. Le programme qui en découlait préconisait « une attaque brutale contre les syndicats, dont l’existence empêchait l’autorégulation du marché du travail et des salaires » et « l’élimination des facteurs prétendument exogènes considérés comme des obstacles à la croissance économique », dont, au premier chef, la trop grande perméabilité de la démocratie libérale aux pressions des « groupes d’intérêt ». De fait, sous des présidences antérieures, l’article 48 avait déjà été utilisé pour promulguer des mesures économiques sans l’approbation du Parlement, et Schmitt ne se privait pas de mettre en avant ces précédents165. À nouveau capable de faire la différence entre amis et ennemis, il n’hésitera plus à abattre ceux de l’intérieur. Pour une biographie intellectuelle de Röpke, voir Jean SOLCHANY, Wilhelm Röpke, l’autre Hayek. Or ce positionnement défensif, axé sur la sauvegarde des droits et des libertés, aussi nécessaire soit-il, reste insuffisant. Quatre jours plus tôt, le 19 novembre 1932, une cohorte de grands noms du monde des affaires, dont l’industriel Fritz Thyssen et l’ancien président de la banque centrale Hjalmar Schacht, avaient adressé au président Hindenburg une pétition le sommant de nommer à la chancellerie le « Führer du plus grand groupe national144 » (c’est-à-dire Hitler). Ces forces sociales concrètes, quelles étaient-elles ? Dans cet environnement, « une bureaucratie incontrôlée, la camarilla de la cour présidentielle et toutes sortes d’intérêts économiques avaient de plus en plus de chances de parvenir à leurs fins », Christian WITT, « Finanzpolitik als Verfassungs- und Gesellschaftspolitik », art. La mythification schmittienne de l’État fort masquait mal les failles d’une forme politiquement faible, dont les effets adverses sapaient jusqu’à ses propres conditions de possibilité. Carl SCHMITT, Der Hüter der Verfassung, op. Un État fort avec les faibles et faible avec les forts. La thèse commune était limpide : un État « fort » est l’indispensable condition d’une économie assainie ou libérée. Avertissement d’incendie, PUF, Paris, 2001, p. 78. Les années 1970, a-t-on dit à droite et à gauche, du côté de Samuel Huntington comme de Michel Foucault, ont été ébranlées par une gigantesque « crise de gouvernabilité ». « Il serait erroné non seulement politiquement mais aussi juridiquement de vouloir nous faire rétrograder au XIXe siècle en ne fournissant comme instrument […] à l’État économique actuel que l’état d’urgence militaro-policier d’un État qui, en principe, n’interférait pas dans l’économie », Carl SCHMITT, « Die staatsrechtliche Bedeutung der Notverordnung, insbesondere ihre Rechtsgültigkeit », art. Olivier BEAUD, Les Derniers Jours de Weimar, op. 18. Materialien zu einer Verfassungslehre, Duncker & Humblot, Berlin, 1985, p. 41-59, p. 57. 16. On n’a pas encore pris la pleine mesure du fait que l’étrange cohabitation entre les droits acquis35 et le droit à la libre activité politique de parti comportait une impossibilité interne ; sans quoi on l’aurait réglée juridiquement et moralement depuis longtemps. Le cabinet Papen n’a duré que quelques mois. Carl SCHMITT, « Das Problem der innerpolitischen Neutralität des Staates » (1930), art. Mais aujourd’hui, ils doivent être reportés. On est dès lors tenté de poser la question : s’est-il vraiment trouvé quelqu’un qui, au cours des deux années écoulées, ait fait preuve du courage d’agir que vous réclamiez tous à l’époque ? Rien de plus naturel dès lors que de voir dans les périodes de difficultés économiques cette nouvelle identification avec l’État se manifester immédiatement par des sommations adressées aux pouvoirs publics96 ». 186. Le . 34. Lui qui, depuis quelques années déjà, exaltait en métaphysicien l’opposition ami/ennemi, le rapport d’hostilité, s’était enfin retrouvé confronté en chair et en os à un adversaire à sa mesure, et il avait perdu la face. Il suffirait que de nouvelles méthodes, de nouvelles instances, voire de nouvelles personnes fassent individuellement leurs preuves en marge d’autres institutions formellement conformes à la Constitution – qui chercheront peut-être à leur mettre des bâtons dans les roues, mais qui devront être mises hors d’état de nuire – pour qu’alors émerge une autorité que le peuple allemand est, je le crois, très grandement disposé à suivre en applaudissant franchement à son franc succès. Histoire et apories d’un concept », L’Homme et la société, no 129, 1998, p. 97-111, p. 100. Cela étant, nous sommes tous impressionnés par le brusque accroissement de pouvoir dont tout État fait aujourd’hui l’expérience du fait de l’accroissement de la technique et tout particulièrement des moyens technico-militaires de pouvoir. », Si l’on veut une politique économique néolibérale, il faut un État autoritaire. Cette expression a ensuite été reprise par divers intellectuels de droite et d’extrême droite. cit., p. 123. 80. Aux origines du néolibéralisme, Publications de la Sorbonne, Paris, 2015. L’un des actes fondateurs du libéralisme autoritaire est de légiférer par ordonnances en matière économique et sociale. cit., p. 29-37. Puis le concept est employé par le philosophe officiel du fascisme, Giovanni Gentile, dans un article paru dans Foreign Affairs en 1928, avant d’être consacré en 1932 dans le chapitre “Fascisme” de l’Enciclopedia italiana, rédigé conjointement par Gentile et Mussolini. Ce serait pourtant se méprendre que d’y voir autre chose qu’un revirement conjoncturel. Carl SCHMITT, Tagebücher 1930 bis 1934, op. Cette conférence fut prononcée à la Deutsche Hochschule für Politik à Berlin le 5 juillet 1929, avant, donc, le krach de Wall Street. L’arrêt rendu par le tribunal de Leipzig le 25 octobre 1932 était ambivalent. Carl SCHMITT, « Le virage vers l’État total », art. cit., p. 126. 21, no 3, mai 2015, p. 313-339, p. 314. En vertu du traité de Versailles, la Rhénanie était une région démilitarisée. Walther Schotte, dans son livre Der neue Staat, a montré comment cet État « autoritaire » a pris forme dans les têtes du gouvernement Papen. Étrangement, donc, le néolibéralisme, cela commence par une théorie de l’État, et par une théorie de l’État empruntée à Carl Schmitt. On peut à juste titre douter que l’universalisme catholique puisse vraiment faire office de soubassement pour le fascisme nationaliste. Aucun État ne peut se permettre de céder à un opposant ces nouveaux moyens techniques de domination de masse, de suggestion de masse et de formation d’une opinion publique25. L'hypothèse de travail de ce colloque n'est pas tant de se fonder sur une (nouvelle) définition univoque du néolibéralisme que de l'étudier au prisme de la notion de souveraineté en allant chercher la signification de ce concept, du côté proprement politique, d'un raidissement autoritaire du libéralisme classique. Le fascisme, écrivait-il, « reconnaît avec une simplicité tout antique le pluralisme concret des peuples et des nations », Carl SCHMITT, « Wesen und Werden des faschistischen Staates », art. Si les syndicats voyaient que maintenant de tels crédits peuvent être débloqués, ils exigeraient immédiatement que ces rallonges servent à mettre en œuvre un grand programme de création d’emplois136. Ce furent les aiguillons d’un jeune sociologue conservateur, Heinz O. Ziegler, qui le poussèrent à la clarification. Il s’agit certes souvent de rudiments très contradictoires et, parmi les entités qui viennent d’être mentionnées, on en considérera certaines comme bonnes et prometteuses et d’autres, mauvaises et aberrantes. ), Complexio Oppositorum. cit., p. 92 sq. Carl Schmitt interviewé par Ansgar Skriver pour le documentaire radiophonique Hitlers Machtergreifung vor 40 Jahren im Gedachtnis von heute, Westdeutscher Rundfunk, Hauptabteilung Politik, 30 janvier 1973, cité par Joseph BENDERSKY, « The expendable Kronjurist : Carl Schmitt and national socialism », op.
Mutuelle Ratp Championnet,
Arme Douane Française,
Dessin Animé Générique,
Musée De L'aéronautique Navale,
Dire Des Choses Fausses Synonyme,
Deck Du Dragon Légendaire,
Sortie Film Les Intranquilles,
Vide Maison à Nevers Et Les Environs,